Salizar d'Ombrelune présente, la mine déconfite,
Le chapitre 4ème de l'Epopée d'Ack-Tôr
intitulé :
Où nos héros s'occupent d'un parti de brigands. Où ces brigands sont partis, justement.Citation:"Hola, du gentylhomme ! Auryasseryez-vous l'instention susre d'aller fusmer une clope, clopin-clopant, pour des clopynettes ?
Un étudiant en L : "Paroles d'Emh Eysse Ayne"
Après qu'on leur eut annoncé la teneur de leur périple, dont on pouvait
dire qu'il promettait d'être aussi palpitant qu'une aventure de
Jay'Meuss Bonde, Négociant en Baignoires de Porcelaine Septentrionales,
nos héros, courageux (quand loin est le danger), à la vertu sans faille
(quand toute présence féminine est écartée), et aux jambes promptes à
réagir (quand l'un ou l'autre de ces éléments venait à se manifester,
bien que le sens de la course ne soit pas le même), décidèrent
d'accomplir la Terrible Tache à Caractère Administratif qui leur a été
confiée.
Nonobstant le fait que "Sens de l'Orientation" et
"Ack-Tôr" pouvaient être considérés comme antinomiques, car les
connaissances d'Ack-Tôr en milieu urbain n'excedaient que de très peu
celles qui concernaient les Prêtres Mystiques Nihilistiques Danseurs de
Claquettes des vertes contrées d'Hyci-Houla, Ack-Tôr décida de prendre
le commandement, et avec lui la tête de l'expedition, voire celle de
Paf et du lecteur, par la même occasion.
L'unique conséquence de
cette décision fut l'égarement du binôme au bout d'environ 43 secondes,
faisant ainsi exploser le précédent record, détenu jusque là par le
Sage Moy (le Sage savant diraient certains), qui mit quand même 15
minutes pour perdre votre écrivain préféré (je parle de moi là ! ) dans
les rues de la paisible cité méridionale d'Havygnon.
S'ensuivit alors ce magnifique dialogue entre nos compères :
<< On s'serait pas trompé, des fois ? demanda Paf.
-Maintenant
que vous m'en parlez, noble camarade, j'ai comme l'impression que vous
semez la Graine du Doute dans mon esprit, d'ordinaire si posé et
Cartésien
(1)-C'quoi c't'histoire de graine ?
-Laissez choir, mon ami, laissez choir.
-Mais que viennent faire les Séchoirs dans cette histoire ? >>
Alors Ack-Tôr lui jeta un regard noir qui lui ôta toute envie de mettre des points d'interrogations dans ses phrases.
Nos ambitieux amis (Bien que le terme "amis" soit un peu exagéré)
continuèrent leur route de la même manière qu'ils l'avaient commencée,
c'est à dire que Paf suivait Ack-Tôr qui prenait les routes au hasard,
en faisant semblant de connaître la ville, ce qui me rappelle
quelqu'un, d'ailleurs ("Ca fait combien de fois que tu prends ce chemin
? -Là ca va faire la deuxième." ).
Et comme de bien entendu dans ce
genre d'histoire d'Héroïc-Fantasy, la Nuit tomba (sans faire de
blessés, toutefois), et nos compères se retrouvèrent près d'un repaire
de brigands pervers qui aussitôt les repérèrent.
<<
Salutations à vous, Noble thane, dit un des brigands qui semblait avoir
un peu plus de jugeote que les autres (ce qui, entre nous, n'était pas
un exploit digne d'éloges, ou alors la moitié de l'humanité mérite
celles-ci.)
-Un tanneur ? Où ça ? , répondit Paf, qui n'était pas
vraiment prêt pour des interventions dignes d'intérêt (au contraire des
banques de l'époque, qui mettaient beaucoup d'intêrets sur leurs prêts)
-Ce n'est point à vous que je m'adresse, écuyer, mais à votre Maître !
-Mon mètre quatre-vingt quinze, fit remarquer Paf, ça en fait presque deux !
-Et je rappellerai, ajouta Ack-Tôr, que les écuyers doivent être traités avec respect !
-Dommage qu'il faille les acheter par deux , lui répondit le brigand.
-Pourquoi donc ?
-Parce qu'elles font la cuisine, il faut donc une Petite Ecuyère pour les desserts, et une grande Ecuyère à Soupe.
(2)-C'est plus cher à nourrir, de par le fait, remarqua fort justement Ack-Tôr.
-...
-Bref,
continua Ack-Tôr, qui voyait la conversation s'enliser, daignez excuser
l'impolitesse de mon ami barbare, car il vient des contrées
septentrionales, ou la finesse et la subtilité ne sont pas de mise,
alors que le courage et la force ne sont pas de vains mots...
-Pas vingt, juste deux, fit remarquer l'ami barbare sus-nommé.
-Je
peux le comprendre, après tout nous sommes entre gens de bonne
compagnie, et nous pourrions sûrement faire affaire, répondit calmement
le chef présumé des bandits, car nous sommes comme qui dirait des
assureurs.
-Et vous pensez que nous pourrions être vos....clients ? , s'interrogea Ack-Tôr.
-Je
vais vous l'expliquer de ce pas, commenca le pilleur du ton
professionnel d'un vendeur de charettes d'occasion : les statistiques
démontrent que 97,32% des personnes passant par l'une des entrées de
cette rue, n'atteignent pas l'autre côté dans leur état initial (je
définis l'état initial comme étant le nombre de membres, de litres de
sang et le nombre d'heures restantes à vivre). Ils auraient plutôt
tendance à avoir de légères coupures effectuées à l'aide d'une dague,
et ont la fâcheuse habitude de décéder des suites de lesdites coupures
-Ils faisaient quoi dans les suites de Lady d'Khoupur ?
(3)-Euh... et moyennant une certaine somme, se reprit le brigand, nous nous arrangeons pour que vous évitiez ce genre de problème.
-En
fait, vous aidez à faire baisser l'indice de criminalité dans cette
partie de la ville, un peu comme un comité de voisinage, grâce à des
dons spontanés des voyageurs de passage ? C'est très louable de votre
part !
-Exactement ! Notre "entreprise" est mue par l'altruisme, le
respect de l'autre, de sa bourse, l'amour du prochain et de son argent,
la solidarité entre les pauvres et les pièces d'or des riches, toutes
ces choses formidables qui réchauffent les coeurs...
-Hélas, il
semblerait que nous ayons la comme un petit problème, dit d'une voix
légèrement changée Ack-Tor, le vert de ses yeux ressortant étrangement
sur le noir de la nuit.
-Ah ?
-Quelques chose me dit qu'un refus, même poli, de notre part serait...
-Inapproprié ? Exact.
-Ce qui me pose donc un problème d'éthique.
-Un cruel dilemme entre la bourse ou la vie ? s'enquit le voleur.
-Ce serait plutôt un choix d'ordre moral, entre vous laisser vous enfuir, et vous tuer...
-C'est bon pour le moral, bon bon, dit Paf sans aucune raison (enfin je crois).
-Je vous ferais remarquer toutefois que nous vous sommes en supériorité numérique, messeigneurs.
-A votre place, je reverifierais.
-Mais vous n'êtes que deux ? demanda le dénommé Salnich le Noir, qui avait l'impression que quelque chose clochait.
-Exact
-Alors comment ? >>
Salnich, le chef des brigands entendit soudain, enfin disons plutôt
qu'il n'entendit pas quelque chose qu'il aurait dû entendre. En
refléchissant, ça faisait au moins dix minutes que ses hommes n'avaient
pipé mot. Il se retourna, et en eut aussitôt l'explication.
En
effet, avec un leger étonnement, compréhensible au vu de la précarité
de sa situation, il constata que ses hommes n'étaient plus là, et qu'à
l'endroit où ils s'étaient tenus tantôt ne subsistait que des armes
posées, ou plutot jetées négligemment par terre.
<<Hum,
hum, se racla la gorge Salnich, sauriez-vous, par le plus grand des
hasards où sont passés mes compagnons ? Non point que je tienne
particulièrement à leur odorante compagnie, mais dans mon métier, il
faut savoir s'entourer de brutes décérébrées, disciplinées, et point
trop intelligentes, sinon on perd toute crédibilité.
-Disons
simplement qu'ils ont utilisé avec un relatif succès la tactique du
Lapin de Garenne, dont l'avantage important est qu'elle permet de
conserver des prix humains, avantage compensé néanmoins par la
necessité d'accomplir quelques exécutions sommaires après son
utilisation, pour éviter que celle-ci soit faite trop souvent. Mais je
dirais quand même pour la défense de ces braves hommes qu'ils n'étaient
pas exactement sous l'emprise de leur propre volonté.
-Pas exactement ?
-D'accord, disons qu'ils étaient sous l'emprise de la mienne.
-J'aurais dû me méfier de la lueur verte dans vos yeux.
-Vous ne pouviez pas savoir.
-Remarquez, ça doit être utile pour utiliser les latrines le soir.
-Et aussi pour lire au lit.
-Comme le sage du village disait, énonca Paf d'un ton docte :
Citation:"Quand tu attaques le Faible, vérifies d'abord que le Faible ne soit pas Magicien".Paroles des Sages Des Villages Paumays, Tome ]I[
-Eh bien, le temps est venu pour moi de retrouver mes odorifères compagnons, je suis ravi de vous avoir connu.
-Même pas eun' goutte de sang, c'est nul ! s'exclama Paf, qui semblait avoir un don inné pour les interventions inutiles.
-Il y en aura, ami barbare, il y en aura, mais notre ami nous doit d'abord un petit service... >>
Et ainsi se termine le chapitre 4 de l'Epopée d'Ack-Tor....1
: Cartésien : De Renay Dézcartes, philosophe connu pour sa malchance
aux cartes, il fut l'auteur de magnifiques phrases qui passèrent à la
postérité, dont sa fameuse sentence sur les gens ne connaissent pas
l'usage des paillassons :
Citation:Je passe, donc j'essuie.2: J'assume l'entière responsabilité de ce jeu de mot !
3: Et de celui là aussi !